Sorti sur Steam le 12 décembre, Fallout 4 VR est l’adaptation en réalité virtuelle du jeu de Bethesda sorti 2 ans plus tôt et ayant connu un vif succès chez les fans de RPG. Le pari des développeurs de porter ce titre au budget AAA en VR entend répondre aux joueurs en attente de contenus dignes de ce nom. Toutefois, passer en VR un jeu qui n’a pas été conçu pour cela depuis ses débuts pose quelques appréhensions. Bethesda s’en est-il sorti ? Verdict dans ce test.
[amazon_link asins=’B077NZCHCJ’ template=’CopyOf-ProductAd’ store=’casqvrcom-21′ marketplace=’FR’ link_id=’8552449b-e568-11e7-83d5-d944a26b494b’]Pour ceux qui ne connaissent pas le jeu original, Fallout 4 vous place dans la peau d’un militaire vétéran dans une uchronie qui se déroule dans une Amérique des années 60. Seul survivant d’un abri anti-atomique après qu’une guerre nucléaire ait détruit la civilisation, vous émergez dans ce monde désolé pour essayer de retrouver votre jeune fils qui a été kidnappé un peu avant votre sortie. Pour cela, vous allez pouvoir compter sur l’aide de nombreux personnages que vous allez rencontrer en arpentant une zone de jeu représentant réellement l’agglomération de Boston aux USA (avec toutefois un petit facteur d’échelle différent). Autant dire qu’il y a des heures de jeu en vue pour faire le tour du propriétaire (record à la rédaction : 1200h) ! Ces NPC pourront vous aider dans ce monde post-apocalyptique où l’anarchie est devenue la loi. Et les obstacles seront nombreux : entre la nature dont les bestioles irradiées ont décuplé de taille et d’agressivité et les bandes de pillards en tous genres, il va falloir batailler dur pour survivre et retrouver votre fiston.
Tout ce qui vous tombera sous la main pourra vous être utile : eau, vêtements, objets en tous genres, nourriture, … A vous de bricoler des armes et des protections en utilisant les différents ateliers de fabrication. De la simple branche d’arbre au lance-missile à ordinateur de visée, une vaste panoplie d’armes et d’armures est accessible. RPG oblige, votre progression dans le monde sera l’occasion de gagner des points d’expérience qui vous permettront de déverrouiller des compétences dans un arbre qui en compte plusieurs dizaines : meilleure résistance au dégâts, piratage informatique, furtivité accrue, … il y en a pour tous les styles.
Le titre original a été acclamé pour sa direction artistique : le monde créé par Bethesda est de toute beauté et d’une grande cohérence. Le rendu sur un PC haut-de-gamme était à sa sortie tout simplement superbe ! On prenait un vrai plaisir à déambuler dans ces paysages dévastés dont la météo changeante permettait de mettre en valeur les nuances de gris et de marron des ruines de la ville.
Au lancement de la version VR, ce qui frappe le plus est justement ce point. Là où l’harmonie des couleurs et le détails des textures donnaient un rendu de toute beauté sur un PC en 4K, sur les dalles du Vive à la résolution limitée, ce n’est plus pareil… La grosse pixellisation fait que les détails des textures au-delà de quelques mètres se fondent en un amas de pixels flous, et les couleurs ton-sur-ton ne font qu’empirer les choses. En résumé : c’est flou et très aliasé ! Au moment où nous écrivons ces lignes, les développeurs ont mis en ligne une béta (v1.0.33.0 accessible dans les propriétés du jeu sur Steam) pour améliorer les choses, mais le résultat n’est pas flamboyant. Il est surprenant que le moteur graphique n’ait pas été plus retravaillé pour la VR en utilisant des techniques comme celle de Batman Arkham VR où le rendu des bords de l’image est réduit pour se concentrer sur le centre (technique nommée Fovéa). Du coup, distinguer un objet ou une personne à plus d’une quinzaine de mètre relève de l’exploit, ce qui est gênant lorsqu’il s’agit d’ennemis. Pour compenser ce point, les développeurs ont mis en place le surlignage des cibles hostiles en rouge. Ce mécanisme existait déjà dans le jeu original mais uniquement en mode SVAV ((Système de Visée Assistée Vault-tec). De plus, des problèmes de paramétrages de la 3D VR ont été notés par la communauté : séparation stéréoscopique, échelle de grandeur faussée, valeur d’oversampling fausse, bug d’utilisation des viseurs… Certains ont été corrigés mais pour d’autres, les joueurs doivent aller bidouiller manuellement leurs fichiers de configuration pour pouvoir avoir un rendu correct.
Pour les nouveaux arrivants dans Fallout, le mode SVAV est un système qui permet de ralentir temporairement le temps pour pouvoir viser les ennemis de manière précise et pouvoir cibler des parties spécifiques du corps, comme la tête pour faire un headshot ou les jambes pour les empêcher de fuir. Pour ce faire, le jeu en mode classique change de point de vue et zoome sur la cible. Ce zoom n’étant plus possible en VR, le mode SVAV a été adapté. Lorsque le temps ralentit, les parties du corps de l’ennemi sont mises en surbrillance lorsque vous les pointez avec l’arme, mais sans zoomer dessus. Si le système fonctionne bien quand la cible est proche, dès qu’elle est au-delà de quelques il perd tout son intérêt car on ne distingue plus du tout ce qu’on vise… Difficile donc de faire des headshots à longue distance.
Concernant les commandes en général, les développeurs ont fait un mappage des fonctions du jeu sur les contrôleurs du Vive qui n’est pas personnalisable. Il faudra donc vous habituer à ces contrôles, qu’ils vous plaisent ou non. Dans l’ensemble ils sont bien pensés et répartissent correctement les actions à faire entre la manette gauche et droite. Toutefois, certains choix sont étranges (comme la sélection de choix qui parfois se fait à la gachette et parfois au touchpad) et on aurait aimé pouvoir les changer.
Le point réellement positif en VR est l’utilisation du Pipboy, ce petit ordinateur personnel fixé à votre poignet. Dans le mode classique, l’appui sur TAB vous fait passer sur l’écran du Pipboy, mais en VR, vous le voyez en permanence sur votre main gauche. Et il est possible d’y accéder à tout moment en rapprochant sa main de ses yeux (comme pour regarder l’heure sur une montre). Pour que ce soit plus lisible, un zoom paramétrable permet d’agrandir le Pipboy quand vous le rapprochez. Ceci est un vrai plus car il faut y accéder souvent et la partie s’en trouve fluidifiée !
Par contre, le choix de navigation dans les listes à l’aide de la partie tactile des touchpad est moyen. En effet, les pads sont tellements sensibles qu’il est fréquent de changer d’onglet sans le vouloir lorsqu’on fait défiler les listes et ça peut vite être rageant si cela se produit dans un moment d’urgence vitale. Car le changement majeur est que l’utilisation du Pipboy ne met plus le jeu en pause et que les ennemis continuent à vous canarder… Ce qui partait d’une bonne idée se révèle à l’usage peu commode. Du coup, l’utilisation des raccourcis devient indispensable.
Là aussi, les commandes ont été adaptées à la VR avec un impact moindre que pour le reste. On peut définir dans l’inventaire quelques objets à mettre dans une liste de raccourcis accessible à tout moment sans passer par le Pipboy. Pour cela, il suffit de maintenir le pad droit appuyé pour ouvrir un menu rapide. C’est bien pensé, mais encore une fois, la sélection par les dalles tactiles ultra sensibles nécessite une maîtrise parfaite des mouvements.
Au final, cette adaptation VR de Fallout 4 soufle le chaud et le froid. Le chaud car elle met à la disposition des joueurs VR un jeu AAA grandiose par sa qualité et sa durée de vie. Le froid car pour 60€ à débourser (sans aucune ristourne pour ceux qui ont déjà Fallout 4), on aurait pu s’attendre à une version mieux adaptée aux plateformes VR. Mis à part les commandes, le moteur reste identique et le rendu décevant. L’immersion est presque moindre car certaines animations ont disparues, comme l’entrée et la sortie des armures assistées.
Heureusement, la communauté s’est déjà mise au travail et il y a fort à parier que d’ici quelques temps, un flopée de mods permettront aux joueurs de régler les paramètres VR au plus près de leurs goûts et du gameplay souhaité ! Mais ce n’est pas correct de la part des développeurs quand on propose un prix d’achat de 60€, y compris pour ceux qui possèdent déjà le jeu original.